Pleurer de rage (ou de rire)

Samedi 7 février 2015

Liberté où es-tu ?

Liberté j’écris ton nom.

« Liberté », « Liberté », « Liberté ». Mots maintes et maintes fois dit, entendus, écris et lus depuis ce dramatique 7 janvier 2015, au point d’en oublier (presque) son sens.

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire) en voyant que l’événement fut rapidement relayé d’un point de vue politique ? Voyant la marche républicaine réunissant hommes politiques bien à l’avant, loin du peuple qui, lui, voulait réellement rendre hommage à la liberté d’expression. Oh ! Puis tous ces défenseurs de la liberté d’expression que l’on a pu y voir ! Comme le président Turc qui la bafoue dans son pays…

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire) en entendant ceux qui trouvent des arguments pour défendre ce massacre honteux qui va à l’encontre des valeurs pour lesquelles nous nous sommes battus des siècles et des siècles et que nous devons, apparemment, toujours défendre aujourd’hui ?

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire) en lisant la presse ? Admiratif devant l’audace d’ « Al-Masry Al-Youm », quotidien Egyptien indépendant, qui publia une série de cinq caricatures issues du « Charlie Hebdo », dans un pays où les libertés sont restreintes, à l’inverse de journaux issus de pays où les libertés sont censées être maîtres mots, qui floutent les unes du « Charlie Hebdo », à l'instar de « The Guardian ».

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire) en voyant les acheteurs de la dernière heure aux kiosques dès six heures du matin ? Ému de voir ceux qui ont compris l’importance de la liberté d’expression et qui continueront d’acheter jusqu’à leur mort des journaux satiriques (« Charlie Hebdo » ou non), mais affligé de ceux qui ne l’ont acheté que pour faire comme tout le monde. Non pas pour découvrir, lire, apprécier ou dans l’intention de comprendre ce pour quoi des dessinateurs et des journalistes se battaient et se battent toujours. Non, juste pour avoir de l’ « Histoire » entre leurs mains.

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire) en se remémorant les honneurs militaires rendus aux dessinateurs et le glas des cloches de Notre-Dame, à eux qui étaient des antimilitaristes et des anticléricaux acharnés ?

  Comment ne pas pleurer de rage (ou de rire)  en entendant le soutien de Jean-Marc Roubaud, qui en février 2006 voulait rétablir le délit de blasphème par voie de presse ? Et en écoutant ceux qui ont pris au premier degré les propos de Luz lors de l’enterrement de Charb ? Et en voyant le soutien de Madonna et d’autres personnalités ? Et en apprenant l’abonnement d’Arnold Schwarzenegger à l’hebdomadaire satirique ? Et en…

  Pleurez de rage ou de rire, mais souvenez-vous toujours que la Liberté d’Expression doit être défendue au quotidien et non pas seulement quelques jours ou semaines après des massacres d’une telle envergure. Que l’on approuve ou non des dessins ou des écrits, la Démocratie et la Liberté d’Expression c’est le débat ! Pas l’assassinat. Mais je suis d’accord, on ne peut pas rire de tout.

Oui, on ne peut pas rire de tout puisqu’on DOIT rire de tout.

Victoire Panouillet

 

 

 

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

 

Liberté.

 

Paul Eluard,

Au rendez-vous allemand, 1945, Les Editions de Minuit

 

 

 

 

 

 

Petite note amicale :

Une nouvelle fois, encore un article qui n'a aucun rapport direct avec l'humour (enfin quoi que...), mais que je voulais absolument le conserver sous la main car, écrit pour la newsletter de février de mon lycée, il sera effacé à la fin de l'année.

Merci à ceux qui prendront le temps de le lire malgré tout !

 

 

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                  Victoire Panouillet

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