Feu! Chatterton

Mercredi 24 juin 2015

  On dit souvent qu’un bon groupe de musique est bien plus impressionnant sur une scène que seulement par le biais d’un album dont les sons attirent déjà votre oreille sans que vous ne puissiez les répudier. Dans ce cas, Feu! Chatterton en est un, et de loin. Les voir sur scène c’est comme être subjugué dans un flot de mots s’alignant pour former une prose dont la poésie n’a pas d’égal, le tout accompagné d’une musique envoutante. 

  « La vie est ailleurs » de la chanson « A l’Aube » fait penser au « Je est un autre » d’Arthur Rimbaud, et de cette manière leurs textes se retrouvent parsemés de références littéraires plus ou moins concrètes, à l’instar du titre d’un poème de Louis Aragon, « La Rose et le Réséda », que l’on retrouve à plusieurs reprises dans « L’heure Dense », et c’est ainsi que nombreux sont les journalistes qui qualifient leur musique de « rock littéraire ».

  Dans Feu! Chatterton, les mots servent la musique avec finesse et la musique sert les mots avec élégance. L’un ne va pas sans l’autre, s’accordant à merveille pour former des chansons n’ayant nul égal. Par cette parfaite symbiose, écouter leur album c’est revenir à la vraie poésie, celle qui vous percute, vous fait ressentir une vive émotion que vous ne pouvez retenir, vous fait entrevoir des mondes imaginaires, vous fait sentir vivre et vous redonne espoir quand vous êtes au plus bas. Ce n’est pas seulement des mots sans intérêt n’ayant ni queue ni tête, chaque chanson a une histoire qui lui est propre et fait exploser une infinité de sensations qui se mêlent et s’entremêlent. Dignes héritiers de la poésie transcendante d’un autre temps, lorsque l’on relit simplement les paroles de leurs chansons on redécouvre leurs textes avec joie et les histoires universelles qui y sont narrées.

  Les voir sur scène c’est ressentir cela, mais décuplé de façon exponentielle par l’interprétation théâtrale de ces chansons aux influences éclectiques, comme si l’on n’assistait pas seulement à un concert musical mais à un vrai spectacle alliant musiques, textes et prestations surprenantes, dont le travail est inégalable. Heureux d’être sur scène et s’y épanouissant totalement, ils rendent leur prestation époustouflante par cette harmonie qu’ils arrivent à insuffler entre leurs musiques et leurs textes. Les mots prennent une tout autre résonance dans leurs chansons, leur donnant une nouvelle sonorité par leur travail consciencieux, et l’on a envie que le concert dure mille ans sans répit, tant sous nos yeux ébahis se mélangent tous les ingrédients pour rendre un concert magique : des musiques encore bien plus entrainantes sur scène que sur l’album ou le vinyle, et une mise en scène qui accompagne les présentations théâtrales des morceaux interprétés.

 

  Par ailleurs, leur prestation avec Eric Reinhardt montre bien qu’ils ont plusieurs cordes à leur arc. Mercredi 24 juin ils étaient à la Maison de la Poésie pour une lecture du roman « L’amour et les forêts » de ce même auteur.

  Lors de cette prestation originale, se sont alternés chansons qu’ils avaient déjà écrites, tels que « La Mort dans la Pinède » ou « Sex Appeal », mais également des chansons écrites pour l’occasion retraçant la vie tourmentée de Bénédicte Ombredanne, avec des extraits du roman dont elle est le personnage principal.

  Avec ingéniosité ils ont su allier leurs musiques aux textes de ce romancier avec une finesse incomparable, faisant vivre les situations décrites, que les spectateurs présents dans la salle arrivaient  à voir, comme si ce que vivait Bénédicte se trouvait sous leurs yeux, comme s’ils pouvaient ressentir ce qu’elle ressentait.

  Passant de son après-midi avec Christian, aux représailles de son mari lorsqu’il apprit qu’elle avait été avec un autre homme, sans oublier son séjour en hôpital psychiatrique,  par divers extraits lus par Eric, et plus rarement par le chanteur de Feu! Chatterton, qui s’accompagnaient par moments d’une musique de ce même groupe, le public fut emporté dans la vie de cette jeune femme qu’il accompagna le temps d’une soirée dans sa vie mouvementée, et ne put qu’être admiratif de la prestation qu’ont offerte le quintet musical et le romancier.

  Chansons de Feu! Chatterton et textes d’Eric Reinhardt s’arrangeaient donc à la perfection,  tellement bien que même lorsque cet auteur lut une chanson du groupe comme si c’était un extrait de son livre, le public n’y vit que du feu (sans mauvais jeux de mots), démontrant la compatibilité de leurs deux arts.

 Avec attention, le public a donc écouté les mots qu’ils égrenaient un à un avec passion, s’émerveillant du travail qu’ils avaient fourni, sans oublier la mise en scène astucieuse qui mettait plus ou moins chacun en avant, selon le moment de leur représentation.

Somme toute une prestation incroyable à ne pas manquer le 19 juillet 2015 à Avignon !

 

  Pour ceux qui souhaiteraient découvrir le roman d’Eric Reinhardt, « L’amour et les forêts » est en vente dans toutes les librairies, et pour les amateurs de bonnes musiques laissez-vous tenter par les sons de Feu! Chatterton soit en allant les voir en concert (ils jouent cet été dans plusieurs festivals et font quelques dates un peu partout en France, mais seront également à retrouver au Trianon d’octobre à janvier, à raison d’un concert par mois), soit en attendant le mois d’octobre pour pouvoir découvrir leur premier album qui sera, à ne pas en douter, aussi bien que leur premier EP déjà disponible en version digitale (cd et vinyle) et numérique !

 

 

Victoire Panouillet

 

 

 

Petite note amicale :

Cet article a un rapport avec que le théâtre puisque les lectures peuvent faire partie de mon blog, ayant un rapport avec le monde théâtral, douce excuse pour écrire au sujet de Feu! Chatterton, alors que j’avais déjà prévu une petite note amicale pour m’excuser d’une nouvelle digression. Cependant, la prestation d’Eric Reinhardt et Feu! Chatterton à la Maison de la Poésie pour un concert littéraire et une lecture autour du roman « L’amour et les forêts » n’en reste pas moins une excuse pour écrire sur ce groupe dont j’admire passionnément le travail, puisque je survole à peine le travail d’Eric Reinhardt dont je n’ai, en toute franchise, pas encore lu le roman et ne peux donc juger son travail. Un article qui est donc plus particulièrement centré sur le groupe que forment ces cinq jeunes hommes.

Que d’adjectifs mélioratifs de ma part pour ce groupe également ! La raison est toute simple : ce n’était pas la première fois que je les voyais sur une scène et cet article a été commencé il y a déjà plusieurs mois. Je me sentais sincèrement obligée d’écrire sur eux, cette idée me taraudant depuis le 10 février, premier concert auquel j’assistais d’eux, à La Maroquinerie, avant de s’ancrer définitivement dans mon esprit le 11 avril, lorsque je retournais les voir à Magny Le Hongre, mais finalement ce ne fut que le 10 mai, après un Versus (Dieu sait pourquoi !), que j’écrivis le premier jet de cet article avant qu’il ne soit totalement terminé après leur prestation à la Maison de la Poésie, alors j’espère que cet article vous aura plu, mais que surtout vous aurez la curiosité d’aller écouter leurs chansons !

J’écris rarement sur d’autres sujets que l’humour ou le théâtre à moins que ce sujet ne me tienne vraiment à cœur et que les mots que j’ai égrenés sur une page à l’origine blanche aient assez d’importance à mes yeux pour être publiés. Arthur Rimbaud, pour qui j’ai une admiration sans bornes, était une exception, l’hypocrisie autour du Charlie Hebdo également, et Feu! Chatterton en est une autre. De plus, dorénavant je ne peux plus dire que c’était pour le pôle culturel de mon lycée, les cours étant terminés et devenant une grande fille perdue dans cette fourmilière que sera l’université en octobre. Mais même si je n’ai à présent plus d’excuse, par moments je continuerais à écrire des articles qui auront plus ou moins un rapport avec mon blog, pensant important de vous faire partager mes pensées au sujet de thèmes différents, car j’ai en ai envie, j’en ai besoin et vous êtes libres ou non de les lire.

 

Je suis donc fière de cet article, et il fait partie de ces réalisations qui me tenaient à cœur pour finir mon année scolaire et dont je vous parle souvent (c’est la dernière, je vous rassure !), pour voir les deux autres réalisations qui me touchaient particulièrement pour finir mon année en beauté, il suffit de cliquer sur ces deux liens :

- Le long reportage au sujet de l'improvisation :

- Mon tout premier (et très certainement dernier) court-métrage :

 

 

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                   Victoire Panouillet 

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