« Chef-d’œuvre inconnu » est une nouvelle de Balzac parue dans le journal « L’Artiste » en 1831. Aujourd’hui adaptée pour la scène, elle se jouait à l’Espace Beaujon. Six comédiennes interprètaient les rôles de ce récit. Sans oublier une mise en scène signée Fanny Bloc et Alexandra d’Hérouville.
« Chef-d’œuvre inconnu » de Balzac est une étude philosophique qui propose une réflexion sur l’art. L’histoire se déroule en 1612, rue des Grands-Augustins, à Paris. Nicolas Poussin, interprété par Louise Buléon Kayser, est un jeune peintre inconnu qui vient de débarquer dans la capitale. Accompagné du vieux maitre Frenhofer, joué par Jeanne Didier, il rend visite au peintre Porbus dans son atelier. Porbus vient d’y terminer une majestueuse toile, « Marie l’Egyptienne », incarnée par Solène Héliot. Frenhofer en fait l’éloge mais y rajoute quelques coups de pinceaux, symbolisés par des mouvements de draperies dans la pièce de théâtre. La toile s’en retrouve métamorphosée. « Marie l’Egyptienne » semble prendre vie et Nicolas Poussin en est impressionné.
Malgré sa maitrise de la technique Frenhofer est dans la tourmente. Depuis 10 ans maintenant, il travaille sur le même ouvrage, « La Belle Noiseuse ». Cette œuvre serait le reflet du Beau Idéal et donc de l’Art Idéal. Catherine Lescault, jouée par Pénélope Levy, est le modèle du vieux peintre. Pourtant, malgré sa beauté, le chef-d’œuvre n’arrive pas à être terminé. Nicolas Poussin propose alors à ce vieux maitre de faire poser la douce demoiselle qu’il aime, Gilette, interprétée par Louise Buléon Kayser. Passées les premières réticences, Gilette va dans l’atelier de Frenhofer. Ebloui par sa beauté, il arrive enfin à terminer « La Belle Noiseuse ». Il convie Nicolas Poussin et Porbus à découvrir son chef-d’œuvre. La surprise est grande pour les deux acolytes lorsqu’ils découvrent la toile. En effet, ce n’est qu’un morceau d’un sublime pied, perdu au milieu de couleurs. Voyant la déception se dessiner sur leurs visages, Frenhofer plonge dans le désespoir et meurt le lendemain, après avoir mis le feu à son atelier.
En plus des comédiennes et personnages cités, Agathe de Wispelaere, qui joue la femme au balai, et Alexandra d’Hérouville en Artemisia sont à retrouver dans cette magnifique pièce de théâtre.
Adapter sur scène un texte à l’origine publié sous forme de nouvelle est loin d’être facile, mais possible, comme le démontre la prestation de ces comédiennes qui ont su faire de la narration un atout pour leur prestation. Des interludes musicaux symboliques ponctuent également leur prestation. En plus de l’interprétation des comédiennes, il faut saluer la mise en scène astucieuse qui fait se déplacer les lumières de manière fluide sur scène.
Dans « Chef-d’œuvre inconnu », se retrouve les débats sur la peinture qui ont animé le 17ème siècle. Avec la création de l’Académie des Beaux-Arts en France en 1648, l’âge classique a vu naitre des réflexions sur l’art ainsi que des théorisations. Mimêsis avec imitation idéale de l’action des hommes, ut pictura poesis et lien entre poésie et peinture, vraisemblances et connaissances, expression des passions et querelle du coloris, toutes les interrogations du 17ème siècle se retrouvent dans cette adaptation de la nouvelle de Balzac.
Avec cette interprétation juste du texte de Balzac, les six comédiennes vous proposent une belle prestation autour de l’art mais aussi autour de la femme. Au travers de leurs personnages, le public découvre le regard des artistes, mais aussi des hommes, à cette époque sur la femme, simple beauté vide d’esprit. Leur belle adaptation est aussi poétique que symbolique, comme lorsqu’elles refont tableaux et sculptures à l’aide de draps et foulards. Cette pièce sort de l’habituel et Balzac ne pourrait être que fier de cette adaptation au théâtre de l’une de ses nouvelles.
Victoire Panouillet
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